Suivi de la minéralisation des couverts végétaux de légumineuses

Nul n’est besoin de rappeler les bienfaits des légumineuses en termes d’enrichissement d’azote au sein de la rotation. Les couverts végétaux d’interculture riches en légumineuses sont également un levier à faire valoir aussi important qu’une culture principale. Mais qu’apportent-ils réellement en termes de restitution d’azote pour la culture suivante ?

Pour la deuxième année consécutive un suivi de minéralisation, des engrais verts à base de légumineuses à petites graines (trèfle blanc, trèfle violet, minette) et à grosses graines (mélange féverole/pois fourrager) sont comparés par rapport au sol nu qui sert de témoin.

Contexte du suivi

Les légumineuses à petites graines ont été semées sous couvert d’un blé en avril 2023. Le mélange de grosses graines a quant à lui été semé en semis direct post récolte du blé. Comme le montre la photo ci-dessous le but du semis précoce est de gagner du temps et par conséquent de la productivité, avant l’implantation de l’escourgeon fin octobre 2023.

Un automne 2023 propice à la productivité des légumineuses.

L’année a été douce et arrosée en été, suivie d’un automne marqué par des températures optimales pour un développement des couverts conséquent ! Dans ces conditions, la production de matière sèche est importante comme en atteste les résultats du tableau suivant.

Qu’en est-il de la production d’azote ?

Pour la calculer, on se réfère à l’outil M.E.R.C.I qui permet de calculer la quantité d’azote produite mais aussi le phosphore et la potasse stockés sur pied ainsi que la fraction libérée au cours de l’année culturale.

A titre d’exemple, le trèfle blanc a permis de piéger 175 U/N/ha et il devrait en libérer 72U.

Comment se débobine l’azote ?

Pour savoir comment se libère l’azote de ces légumineuses, un suivi nitrate mensuel est en cours de réalisation et le schéma ci-dessous dévoile les premiers résultats. A noter que les légumineuses ont été détruites le même jour, suivi du semis d’un escourgeon fin octobre.

Le reliquat sur le témoin sol nu ne varie quasiment pas sur les 3 mois de novembre à janvier. Par contre, à partir de janvier, on commence à voir apparaître dans le 1er horizon (0-30cm) un début de minéralisation déjà conséquent par rapport au témoin, ce que nous avions déjà observé dans le suivi d’essai en 2022.

 Le schéma ci-contre reprend le gain d’azote net par rapport au témoin sol nu. On constate que l’ensemble des légumineuses commence à se minéraliser. Le gain de reliquat par rapport au témoin avoisine 40 à 50 unités d’azote/ha. Ceci est d’autant plus intéressant que l’escourgeon a des besoins précoces et que la minéralisation des légumineuses devrait correspondre au cycle des besoins azotés de la céréale.

Une fois de plus, on remarque qu’en terme de fertilisation azotée, les légumineuses sont le premier levier à actionner bien avant que d’envisager des apports d’engrais organiques, surtout dans le contexte économique actuel !