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Azote sur blé : Raisonner l'apport tallage

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L’apport d’azote en sortie d’hiver a pour rôle d’assurer les besoins du blé jusqu’à la fin du tallage. Tout azote mis en excès au tallage représente autant d’unités qui ne pourront plus être apportées plus tard.

Les besoins durant le tallage sont faibles, il s’élabore alors peu de matière sèche. Durant cette période, le CRU (Coefficient réel d’utilisation) est faible, de l’ordre de 60 %, il sera ensuite bien plus élevé pour monter à 80 % durant la montaison. Enfin, il ne faut pas oublier qu’une fois qu’on a défini la bonne dose totale pour le cycle du blé, tout azote mis en excès au tallage représente autant d’unités qui ne pourront plus être apportées plus tard, quand la culture en aura le plus besoin et saura mieux les valoriser, tant en termes de rendement qu’en termes de qualité.


QUELLE EXPERIENCE EN 2017 ?

Le printemps 2017 a  été particulièrement sec, beaucoup ont regretté de ne pas avoir « forcé » sur le premier apport d’azote durant la première quinzaine de mars alors que l’humidité était encore là. Au final, rendement et qualité ont malgré tout été au rendez-vous, même dans le cas d’apports modérés au tallage. Ce qu’il faut donc retenir, c’est que même en cette année à reliquats probablement faibles, la dose d’apport au tallage devra être en moyenne peu élevée : 40 unités suffiront dans la grande majorité des cas. Ne dépassez pas 50 unités sauf dans des parcelles à reliquats particulièrement bas de type précédent d’endives.

 

À QUEL MOMENT INTERVENIR ?

Il est nécessaire d’attendre la reprise de végétation. Le rôle du premier apport est en effet d’accompagner le redémarrage du blé. La plante, pour redémarrer, a bien sûr besoin d’avoir un minimum d’azote à sa disposition, mais l’azote ne suffit pas, les températures doivent également être un tant soit peu poussantes, sans quoi l’azote reste là à ne rien faire, ce qui augmente les risques de pertes. Attendez donc que l’hiver soit derrière vous pour sortir l’épandeur à engrais. En moyenne, on ne devrait pas voir d’azote apporté sur le blé avant le 25 février pour les plus pressés. La réglementation qui, maintenant, interdit les apports d’azote minéral sur blé avant le 15 février rejoint là le bon sens technique ! Un autre argument qui va dans ce sens est que si l’azote stimule la culture, il profite également aux adventices qui seront d’autant plus difficiles à détruire. La logique voudrait donc que l’on désherbe avant d’apporter l’azote, ou au plus tard au moment de ce premier apport ou peu après, ce qui est d’autant plus facile si cet apport n’est pas trop précoce.

 

IMPASSE, POSSIBLE CETTE ANNEE ?

L’impasse est une technique qui a fait ses preuves. Elle consiste à ne pas réaliser l’apport au tallage. Les unités qui ne sont pas mises à ce moment-là sont alors réparties sur les deux apports suivants. Dans nos essais, si le rendement brut reste du même ordre, le taux de protéines s’en trouve, lui, amélioré (+ 0,2 à 0,3 point). Mais, attention, il faut rappeler que cette pratique, réservée aux sols profonds de limons et de limons argileux, ne peut être envisagée qu’après des précédents riches ayant laissé de bons reliquats. Aussi si un niveau bas de reliquats se confirme, il ne sera pas conseillé de se passer de l’apport d’azote au tallage durant cette campagne.
 

Patrice DESMARESCAUX, Conseiller Productions végétales

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